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Apprendre en vacances

L’acte d’apprendre concerne aussi bien le domaine scolaire que neuronal et éducatif.

« Un des plus grands talents de notre cerveau est l’acte d’apprendre » nous dit S.

Dehaene* qui a consacré plusieurs ouvrages au décryptage scientifique du fonctionnement du « cerveau qui apprend ». Il y valide les tâtonnements pédagogiques et les constatations qui sont faites en classe, in vivo ; il en ressort que dans le domaine scolaire, comme dans celui des sciences cognitives, apprendre repose sur « quatre piliers » mais aussi sur le sommeil.

Connaitre ces 4 piliers est un apport essentiel à la connaissance de soi ; pour les parents ou les enseignants, c’est une véritable contribution à la compréhension du fonctionnement cérébral des enfants ; c’est mettre toutes les chances de son côté pour développer leur potentiel.

Rappelons-les succinctement puisqu’ils ont fait précédemment l’objet de 4 « posts » brefs.

Les quatre piliers de l’apprentissage

 

  1. C’est la compréhension de l’élève qui est sollicitée en premier, que ce soit à l’école, en musique, dans le domaine sportif ou dans tout autre domaine dès qu’une notion nouvelle est abordée.

    Sur le plan neuronal, cette étape met le cerveau en alerte pour capter l’attention de l’élève, tenter de la mobiliser et de la garder.
     
  2. La phase deux de l’apprentissage est celle de l’assimilation essentiellement tournée vers les premiers entraînements guidés afin que l’élève s’approprie les éléments de la notionIl retiendra d’autant mieux que son cerveau sera  actif, stimulé, sa curiosité piquée et son attitude « engagée » car « un organisme passif n’apprend pas ».
     
  3. Le troisième pilier met l’élève en situation de mise en application de la notion et ce, en autonomie. C’est la phase de restitution. L’élève vérifie, confronte, triture les informations étudiées dans la phase 2. « Plus ça rate et plus on a de chance que cela marche » selon la devise Shadock. Plus scientifiquement parlant, cela s’appelle le retour sur erreur. « Le cerveau fourmille de messages d’erreurs » confirme S. Dehaene.
     
  4. Enfin la notion est mise en application dans d’autres configurations et ce de plus en plus complexes. Il s’agit de la phase de la maitrise. Cette étape de consolidation crée des automatismes libérateurs au niveau du cortex, « rendant les ressources du cerveau disponibles pour d’autres objectifs. »


Apprendre en vacances

A l’heure des vacances certains sont déjà en train de s’interroger sur les « devoirs à faire » pour « rattraper » ou « entretenir ». Le temps des vacances n’est pas destiné à découvrir des notions, encore moins à « faire » un programme en quelques semaines, l’esprit ailleurs. Quant à « entretenir », ce ne devrait pas être nécessaire ; à la rentrée la plupart des notions, sans doute naturellement « oubliées », n’ont fait que mûrir en silence dans un oubli bénéfique. Il suffit de les réactiver : c’est la remise en route de début d’année. Et s’il ne se passe normalement plus rien sur le plan scolaire, cela ne signifie pas pour autant l’inactivité neuronale.

La formation d’une intelligence ne repose pas que sur la matière scolaire et les vacances sont un temps propice à l’éveil et à la curiosité dans d’autres domaines qui ne sont pas exploités au cours de l’année. Elles contribuent elles aussi à l’acte d’apprendre. L’échange « enfants-parents » est libéré des contraintes et de la tension scolaires ; il n’en est que plus riche et plus constructif tant sur le plan affectif qu’intellectuel.

Le rôle du sommeil sur le cerveau qui apprend 

À l’heure où l’on parle de déficit du sommeil chez les enfants comme chez les adultes souvenons-nous que le sommeil « est un ingrédient essentiel de notre algorithme d’apprentissage« . Toutes les nuits notre cerveau consolide ce qu’il a appris pendant la journée. Chacun sait que la petite enfance est une période unique d’apprentissages intenses  et que « le sommeil de l’enfant est deux à trois fois  plus efficace que celui de l’adulte« .

Dehaene avance même que « certains enfants hyperactifs et atteints de troubles de l’apprentissage pourraient ne souffrir que d’un manque chronique de sommeil. » À confirmer, certes, mais il conclut que « sur le plan éducatif, il ne fait aucun doute que l’amélioration de la durée et de la qualité du sommeil constitue une intervention efficace chez tous les enfants…« 

Alors, offrons un sommeil suffisant et de qualité à nos enfants ; intégrons une belle période de repos, des temps de respiration, un relatif ennui ou de joyeuses et intéressantes découvertes non scolaires au long de cet été 2020 afin que le cerveau de nos enfants – qui a tant été stimulé tout au long de l’année – soit pleinement réceptif à la rentrée.

Une scolarité est équilibrée si elle est  exigeante  tout  au  long  de l’année  mais  s’il elle ne  joue  pas  les prolongations au-delà du temps imparti. Evitons les devoirs de vacances bien souvent stériles, voire contre-productifs !

 

*Apprendre ! Les talents du cerveau, le défi des machines Stephane DEHAENE / éd Odile Jacob